Etrange dépôt pour le coffre-fort d’une banque que la tête d’un roi ! Dans un établissement parisien de la rive droite, dont le nom est gardé secret, reposerait en effet le crâne momifié… d’Henri IV.
Les historiens ont longtemps douté de l’authenticité de cette royale relique. Mais, le 31 décembre dernier, une équipe de scientifiques franco-espagnole emmenée par le docteur Philippe Charlier a établi un profil génétique commun entre la tête et du sang séché appartenant à son descendant Louis XVI. « Elle n’a dès lors plus rien à faire dans ce coffre, c’est un traitement immoral », s’indigne Philippe Charlier. Pour lui, comme pour l’actuel duc d’Anjou, héritier des Bourbons, la tête d’Henri IV doit rejoindre les autres rois de France inhumés à la basilique Saint-Denis.
Réserver une sépulture, royale ou non.
Mais, comme il y a deux ans lorsque l’équipe de Philippe Charlier avait publié une première série de résultats, l’authentification reste contestée, rendant impossible l’inhumation. C’est sur la base d’arguments historiques et scientifiques que Philippe Delorme, historien, et Olivier Pascal, expert en empreintes génétiques, dénoncent les résultats. « C’est toujours possible, mais on ne fait pas l’histoire avec ce qui est toujours possible », dénonce Philippe Delorme.
Les pérégrinations de ce crâne momifié pendant quatre siècles relèvent d’un feuilleton. Assassiné en 1610 par François Ravaillac, catholique fanatique, le roi préféré des Français est enterré à Saint-Denis dans la nécropole royale. Mais, en 1793, en pleine Terreur, le tombeau d’Henri IV est profané. En 1919, le crâne du « bon roi Henri » réapparaît lorsqu’un collectionneur l’achète pour 3 francs aux enchères à Drouot. Puis il est revendu en 1955 et conservé par un particulier, dans le secret de sa maison. C’est en 2008 seulement que scientifiques et historiens retrouvent la relique au terme d’une enquête épineuse.
Authentificateurs et contestataires se rejoignent sur un point: il convient de réserver une sépulture, royale ou non, à cette tête. Le duc d’Anjou, dépositaire symbolique en tant que descendant direct du roi, s’est rapproché du président de la République pour que le crâne momifié soit inhumé et réclame « des pompes funèbres dignes d’un chef d’Etat ».C’est en effet à l’Elysée que revient la décision d’une éventuelle réinhumation.
Flora Genoux
Le Parisien