[RTL] Avec la prise de Ramadi ce dimanche, en Irak, l’État islamique contrôle la majeure partie de la province d’Al-Anbar, qui s’étend des frontières syriennes, jordaniennes et saoudiennes jusqu’à Bagdad.
Le groupe État islamique (EI) a pris ce dimanche 17 mai le contrôle total de Ramadi, ville irakienne à une centaine de kilomètres de Bagdad, infligeant du même coup un sévère revers aux forces pro-gouvernementales. Les jihadistes ont en revanche été repoussés par les forces syriennes à la périphérie de la ville antique de Palmyre, inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco, dont ils s’étaient partiellement emparés ce samedi.
Les deux batailles ont été très sanglantes avec plusieurs centaines de morts parmi les combattants et dans la population. L’EI a revendiqué sa victoire à Ramadi sur des forums jihadistes. « Dieu a permis aux soldats du califat de nettoyer toute la ville », a écrit le groupe, ajoutant : « ils la contrôlent, avec les bataillons de chars et de lanceurs de missiles s’y trouvant, ainsi que le centre de commandement des opérations (de la province) d’Al-Anbar ».
L’EI a lancé jeudi cette nouvelle offensive sur Ramadi avec une vague d’attentats suicides. Environ 500 personnes, civils ou membres des forces de sécurité, ont depuis été tuées dans les combats, selon le porte-parole du gouverneur de la province, Mouhannad Haimour, tandis que 8.000 personnes ont fui la ville, d’après l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Face à l’EI, la débandade de l’armée irakienne
Peu avant, Mouhannad Haimour avait annoncé la perte de ce centre de commandement, qui a permis de facto à l’EI de prendre de contrôle effectif de la ville. Ce dernier a également précisé que le centre de commandement avait « été déserté », un nouvel échec pour les forces pro-gouvernementales.
Le début de l’offensive fulgurante de l’EI en Irak en juin 2014 avait été marqué par la débandade de l’armée et de la police, de nombreux militaires et policiers abandonnant purement et simplement leurs positions. Face à cette situation, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a ordonné dimanche aux soldats, à leurs alliés des tribus et aux forces d’élite de « tenir leurs positions et ne pas permettre à Daech (un acronyme de l’EI en arabe) de prendre d’autres secteurs ». « Un appui aérien continu aidera les troupes au sol à tenir leurs positions, en attendant l’arrivée d’autres forces en renfort et de combattants des ‘Unités de mobilisation populaire' », a-t-il ajouté, en faisant référence à des groupes paramilitaires composés essentiellement de miliciens chiites.
L’EI contrôle la majeure partie de la vaste province désertique d’Al-Anbar, qui s’étend des frontières syriennes, jordaniennes et saoudiennes jusqu’aux portes de Bagdad. La situation à Ramadi reste « mouvante et disputée », des combats se poursuivant dans cette ville stratégique, a pour sa part indiqué à Washington le Pentagone. « Il est trop tôt pour faire des déclarations définitives à propos de la situation sur le terrain en ce moment », a déclaré dans un communiqué la porte-parole du ministère américain de la Défense Maureen Schumann.
Inquiétude toujours vive à Palmyre
Malgré l’attaque « avortée » de l’EI à Palmyre, selon le gouverneur de Homs, province à laquelle appartient la cité antique, la menace demeure car les jihadistes sont présents presque tout autour de la ville, et notamment à un kilomètre du célèbre site archéologique de Palmyre (Tadmor en arabe). « Les ruines n’ont pas subi de dommages mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas être inquiets », a déclaré le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim.
Ce site fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique et comporte notamment des colonnades torsadées romaines, des temples et des tours funéraires. La bataille de Palmyre a fait au moins 315 morts –123 soldats et miliciens loyalistes, 135 combattants de l’EI et 57 civils– depuis mercredi selon l’OSDH qui se base sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires.
Un des chefs de l’EI abattu par les américains
Ce dimanche les combats se concentraient à l’est de la ville, autour de la prison, et au nord-est, dans le champ gazier d’Al-Hél, où l’EI est parvenu à prendre deux positions de l’armée, selon l’OSDH et le groupe jihadiste. Palmyre revêt une importance stratégique pour l’EI puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province irakienne d’Al-Anbar.
Plus à l’est, l’organisation a subi un revers, un commando américain ayant tué 32 de ses membres dont quatre chefs, parmi lesquels celui en charge du pétrole, Abbou Sayyaf, selon l’OSDH. Les États-Unis ont fait état de leur côté de la mort d' »une douzaine » de combattants en plus d’Abou Sayyaf. Cette opération au sol, la première revendiquée explicitement par les États-Unis contre l’EI pour capturer un de ses responsables, a été menée à Al-Omar, l’un des plus grands champs pétroliers de la Syrie, sous contrôle de l’EI.
Source : RTL
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