Malgré le fait qu’elle ait été adoptée par le Parlement, validée par le Conseil constitutionnel et promulguée par le président Hollande, la loi sur le mariage continue de faire l’objet de protestations, notamment de la part du mouvement “La manif pour tous.” Et si ce débat concernant cette question agite l’opinion publique, il en va naturellement de même au sein des forces armées.
Ainsi, si l’on en croit l’anecdote rapportée par La Lettre A, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a été interpellé sur cette loi à l’issue de la présentation du dernier Livre Blanc, le 29 avril dernier, au Conseil supérieur de la fonction militaire extraordinaire (CSFM).
“Rassurez-nous, monsieur le ministre, le mariage pour tous, ça ne s’appliquera pas aux armées?” Vous imaginez si, à la soirée du régiment, le colonel déboule avec son copain?” lui aurait demandé l’un des militaires présent ce jour-là. Ce à quoi M. Le Drian, qui n’en serait pas “revenu”, a répondu : “C’est une loi de la République, elle s’applique à tous.”
Dans son édition du 22 mai, le Canard Enchaîné est revenu sur cet épisode, avec un article un poil caricatural. Cela étant, le dernier, qui fait la liste des actions entreprises par des militaires opposés au mariage pour tous, nous apprend que deux enquêtes sont actuellement en cours au sein des armées. Deux enquêtes qui visent essentiellement ceux qui voient d’un oeil favorable le mouvement de la “Manif pour tous”, qui, jusqu’à la preuve du contraire, n’est pas une formation politique.
“L’activisme des militaires antigays a été jugé assez sérieux pour que le gouvernement ordonne deux enquêtes”, peut-on en effet lire dans les colonnes de l’hebdomadaire satirique. “Troublé par le nombre d’enfants d’officiers parmi les jeunes interpellés (les “veilleurs” qui font des sit-in pacifiques)”, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, “a demandé à la DCRI de s’informer sur ce que ces ‘agités’ (sic) manigançaient”, écrit le Canard Enchaîné. A croire que la France est à deux doigts de connaître un nouveau putsch des généraux!
Quant à l’autre enquête, elle a été confiée à la DPSD (Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense) afin de “repérer les meneurs au sein de l’Institution” militaire.
En fait, il s’agirait de garder un oeil sur les militaires ayant des liens avec l’Institut Civitas, une organisation catholique proche de l’extrême-droite et qui se veut aussi être un mouvement politique (4 officiers généraux en 2e section siègent à son conseil d’administration) ou encore avec le Bloc indentitaire. D’ailleurs, en février dernier, la Lettre A rappelait qu’un officier supérieur de la DPSD avait été interpellé à Bordeaux en compagnie d’activistes de cette formation.