[Le Figaro] – Pourquoi ne pas accoler à la devise républicaine une parole d’évangile sur les frontons des établissements catholiques sous contrat ? Telle est la proposition du nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, dans un contexte où l’on parle beaucoup de laïcité.
Les drapeaux tricolores et européens ainsi que la devise républicaine sur les frontons des établissements scolaires ? L’enseignement catholique n’est pas opposé à la mesure. D’ailleurs, conformément à la loi sur la refondation de l’école votée cet été, elle s’applique au système public comme au privé sous contrat. Une circulaire est venue le rappeler. Mais Pascal Balmand, ancien directeur du diocèse de Saint-Denis et tout nouveau secrétaire général, qui tenait ce matin sa conférence de rentrée, propose d’y ajouter une parole d’évangile.
Un moyen selon lui de marquer à la fois «l’appartenance ecclésiale» de ces établissements et le partenariat qui les lie à l’État. Un moyen de faire valoir sa différence, son fameux caractère propre conféré par la Loi Debré.
«Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance». Si cet ancien professeur d’histoire dirigeait un établissement, c’est cette parole du Christ qu’il choisirait d’afficher sur les frontons des établissements catholiques.
Morale républicaine et morale laïque
L’enseignement catholique, un brin agacé par les élans laïques de Vincent Peillon? Si le successeur d’Éric de Labarre, tout en mesure, n’en laisse rien paraître, sûr qu’en interne, le sujet est largement évoqué. «Afficher la devise républicaine ne semble pas illégitime. J’invite sur ce sujet au dialogue, au discernement, à la souplesse», explique-t-il avant de préciser que si la mesure ne pose aucun problème en Alsace-Lorraine, la Vendée peut se montre plus susceptible. «Cela ne suppose pas qu’ils ne le feront pas», ajoute-t-il cependant.
Un détour par la «morale» souhaitée par Vincent Peillon et bientôt inscrite aux programmes, s’imposait. «Dès lors que nous ne sommes pas dans la vulgate d’un pensée obligatoire, nous ne nous opposons pas à cet enseignement de la morale», a expliqué Pascal Balmand, en évitant au passage d’accoler l’adjectif «laïque» à la morale pourtant toute laïque de Vincent Peillon. En avril, le ministre de l’Éducation précisait de son côté que cet enseignement destiné à «faire partager les valeurs de la République», ne serait «pas une morale d’État».
Pour Pascal Balmand, il y a bien des points communs «entre la morale républicaine et la morale chrétienne» [NDLR: tentez de ne pas vous étrangler…]. Et d’illustrer le propos en citant simultanément le Christ – «Avance au large»- et Jaurès – «C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source».
Enfin, à propos de la charte de la laïcité désormais affichée dans les écoles et établissements secondaires publics, le secrétaire général de l’enseignement catholique a tenu à rappeler que le document ne s’appliquait pas à l’enseignement catholique. «La laïcité républicaine, nous y adhérons pleinement. En revanche, la laïcité des établissements, nous ne pouvons y souscrire», a-t-il rappelé. Sa définition de la laïcité? «Un gage de la capacité de tous à se parler et non l’obligation de se taire». À rapprocher de la vision du ministre qui parle de «laïcité de conviction», opposé à une «laïcité d’exclusion»? Les deux hommes se sont entretenus le 25 septembre. «Vincent Peillon m’a écouté. J’espère qu’il m’a entendu», conclut Pascal Balmand.