Dans la nuit, sur les côtes du midi de la France, cent navires à bout de souffle se sont échoués, chargés d’un million d’immigrants. Ils sont l’avant-garde du tiers-monde qui se réfugie en Occident pour y trouver l’espérance. À tous les niveaux, conscience universelle, gouvernements, équilibre des civilisations, et surtout chacun en soi-même, on se pose la question trop tard : que faire ?
C’est ce choc inéluctable que raconte Le Camp des Saints.
Paru pour la première fois en 1973, Le Camp des Saints est le livre qui a fait connaître Jean Raspail au grand public. Il révélait la fascination de l’auteur pour les causes perdues et les peuples disparus, une fascination qu’on continuera d’observer à travers la suite de son œuvre. « Y a-t-il un avenir pour l’Occident ? » demandait-il à l’époque. Certains ont été choqués par la façon dont la question était posée, d’autres, en France comme à l’étranger, ont parlé d’œuvre prophétique. « On n’épousera ou on n’épousera pas le point de vue de Jean Raspail, pouvait-on lire sur la quatrième de couverture de la première édition. Au moins le discutera-t-on, et passionnément ».
Quatrième de couverture de la première édition :
Le sujet du Camp des saints est grave. Il s’agit de rien moins que de la fin du monde blanc, sous l’invasion des millions et des millions d’hommes affamés, «sous-développé», qui constituent les trois quart de l’humanité.
Sujet grave et grand sujet, s’il en est. Sujet périlleux pour son auteur, car il faut bien prendre parti. Jean Raspail n’est pas homme à se dérober. Il prend parti, non point contre ces foules de la misère qui, un beau jour, ne peuvent résister à la tentation du «paradis», mais contre ceux qui, dans nos sociétés, publiquement ou en secret, consciemment ou inconsciemment, travaillent à la décomposition, au désarmement moral et spirituel de la civilisation.
On épousera ou on n’épousera pas le point de vue de Jean Raspail. Au moins, le discutera-t-on, et passionnément. Ce qu’il dit est trop important pour n’être pas entendu, pour ne pas bouleverser : c’est peut-être la grande question de demain. Et puis – le Camp des Saints est un roman, ne l’oublions pas – comment, avant de le discuter, n’en être pas touché : touché par l’aventure de cette flotte partie du golfe du Bengale chargée d’«un million de christs» qui fait route vers nos côtes, et touché par les réactions de ceux qui l’attendent, c’est-à-dire, nous tous ?
Le Camp des Saints est de ces fictions fulgurantes qui surgissent à l’heure pour éclairer le possible avenir. L’histoire que raconte Jean Raspail, ce qu’il dit, ne cesseront plus de nous hanter.