Cette année marque le 400e anniversaire du seul jardinier au monde dont le nom soit resté universel.
Versailles, Chantilly, Vaux-le-Vicomte, Fontainebleau, le Louvre même car il possède les Tuileries: tous les grands jardins où il a travaillé déploient les grands moyens pour célébrer Le Nôtre. À tout seigneur, tout honneur: celui qui s’est attelé à son destin de jardinier, en magnifiant et projetant en paysage les principes du jardin français de lignes, est sans doute le seul jardinier connu dans le monde entier. Après lui avoir préféré, dès Louis XV et jusqu’au début du XXe siècle, les libertés du jardin champêtre, on le célèbre aujourd’hui comme jamais.
En France, jouant les nouveaux Duchêne, les propriétaires de château qui peuvent se l’offrir restaurent ce qu’il leur reste d’allées, de parterres et de broderies. Les Russes achetant des châteaux peuvent même, pour servir leur gloire, s’en faire dessiner un. Les Émirati aussi d’autant que la géométrie inspire le dessin des jardins musulmans.
La nature en décor
Le goût prend jusqu’aux villes et villages où le propriétaire du moindre jardinet s’ingénie à dessiner des plates-bandes bien droites, à bordures persistantes. «Au fond, les Français sont royalistes!, analyse Alain Baraton, jardinier en chef de Versailles. Un peu de géométrie dans leur jardin leur donne le sentiment de se relier à l’histoire de France. Cela rassure en période de trouble.» L’époque est aussi à l’ostentation. Or, rien ne démontre mieux aux yeux de tous la puissance d’un propriétaire que ces jardins qui transforment la nature en décor et gomment le rythme des saisons.
La vogue tient jusqu’en Asie. Le Japon, qui s’est emballé pour le jardin à la française dès 1901, doit en compter aujourd’hui une vingtaine. La Chine dépasse ce score: aujourd’hui, un jardin à la française, avec une perspective à perte de vue, est du dernier chic. Le plus connu est celui du château de Laffitte dans la banlieue de Pékin. Il prolonge un château copie conforme de Maisons-Laffitte et prolongé par la colonnade du Bernin. Un promoteur, Zhang Yuchen, y a ouvert un hôtel de près de 80 chambres.
L’année Le Nôtre
• À Versailles. Au château: restauration du bassin de Latone, création d’un bosquet par Benech et Othoniel, fêtes Le Nôtre en juin et juillet, expositions Penone (du 11 juin au 31 octobre) et Le Nôtre (du 22 octobre au 24 février). La ville se pose en laboratoire des jardins avec l’ouverture de la perspective des Mortemets, du jardin des Senteurs, du jardin des étangs Gobert et Rencontres internationales André Le Nôtre à l’École nationale du paysage les 1er,2 et 3 juillet.
• À Chantilly. Exposition «Le Nôtre et les jardins de Chantilly au XVIIe et XVIIIe siècles», salle du Jeu de paume, du 12 avril au 7 juillet.
• À Vaux-le-Vicomte. Nouveau parterre de fleurs par Benech, exposition sur l’œuvre fondatrice de Le Nôtre autour d’une maquette géante et audiovisuelle ; deux parcours de promenade et réouverture du château dès aujourd’hui pour l’anniversaire de Le Nôtre.
• Aux Tuileries. Le Louvre organise une promenade André Le Nôtre, du 25 mai au 30 septembre.
Le Figaro
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