Aux XIIe et XIIIe siècles, de grands théologiens explicitent le mariage comme union et sacrement et reviennent sur l’importance de l’union charnelle.
Face aux cathares et à l’hérésie en général, il fallait répondre et préciser combien étaient légitimes l’union conjugale et l’usage de la chair dans cette union.
Durant les XIIe et XIIIe siècles, les oeuvres des grands théologiens ne manquèrent point de répondre aux questions des fidèles : Pierre Lombard et son manuel le Livre des Sentences, utilisé jusque’au concile de Trente, saint Albert le Grand (1193-1280), et surtout, saint Thomas d’Aquin (1227-1274). Tous refusent la contraception, l’avortement, et ce qui pourrait y mener. Le respect de la vie implique que les unions pendant le grossesse soient sujettes à caution: « Péché mortel, oui, si danger d’avortement« , dit Thomas d’Aquin. Lorsque St Paul écrit: « Que le mari s’acquitte de sa dette (debitum) envers sa femme » (I Cor 7,3), il faut entendre pour lui non point la traduction de « dette » par l’expression « devoir conjugal », dont on sait quelles caricatures en furent tirées plus tard, mais plutôt le corps donnée au conjoint.
La nouveauté de la pensée de St Thomas s’inspire des textes d’Aristote qui parviennent en Occident. Durant deux siècles, la pensée d’Aristote imprègne l’Europe tandis que les missions en Orient révèlent l’importance des peuples païens vivant en Asie. Cette « mondialisation » affaiblit les explications de l’Evangile par les méthodes des Pères de l’Eglise, et en particulier la méthode des quatre sens de l’Ecriture chère à Origène. Puisqu’il y a dans le monde des non-chrétiens qui pratiquent le mariage, Thomas utilise la notion aristotélicienne de droit naturel. L’homme étant un animal doué de raison, il s’est aperçu qu’il ne peut maîtriser son désir pour obtenir des enfants que dans le cadre du mariage. Le but principal du mariage est donc la procréation des enfants et leur éducation, dans la maîtrise de la sexualité et du temps, le tout dans les services mutuels que se rendent les époux. L’institution du mariage est donc valable pour tous les temps. L’acte conjugal n’est ni une excuse ni une concession, mais un bien dont le plaisir « constitue la perfection de l’acte« . L’ordre naturel implique l’égalité de l’homme et de la femme. La nécessité naturelle de la filiation exige l’indissolubilité.
Mais puisqu’il y a consentement mutuel, dot, le mariage au XIIIe siècle devient de plus en plus un contrat juridique, surtout dans le midi de la France. Au contraire de ses successeurs, St Thomas s’en méfie. Il préfère insister sur le sacrement. Avec le Christ, le mariage prend une nouvelle force. Il est le sacrement de la Nouvelle Alliance. Lors de l’échange des consentements, les époux donnent forme au sacrement. Lorsqu’ils s’unissent, ils sont la matière du sacrement. La parole est la forme, le corps de chacun est la matière du sacrement. Thomas d’Aquin fait donc des époux les ministres du sacrement.
Le mariage en ce cas serait le seul sacrement que se donnent les laïcs. Ce qui laisse dans l’ombre le rôle du prêtre dans la célébration. Mais il a l’avantage de lui permettre de démontrer que le sacrement contracté donne la grâce d’atteindre les biens du mariage.
Par Michel Rouche, professeur émérite à la Sorbonne
Famille Chrétienne n°1821 du 8 au 14 décembre 2012
Avez-vous reçu mon long message car je n’ai pas eu d’accusé d’envoi!
Bravo pour votre action qui s’appuie sur des réalités incontestables et donc une doctrine sure ce dont en France nous avons tant besoin devant les attaques permanentes des tenants de la culture de mort et de pleurnicheries hypocrites.D’après ce que je comprends,vous etes monarchiste,moi aussi!Je viens d’acheter « le pouvoir royal » de Saint Thomas qu’il a écrit pour conforter Saint Louis qui était,comme toujours d’ailleurs, en proie à des frondes variées.Je compte créer,si ma santé déffallante et mon age canonique le permet,un site de réflexion placé sous le patronnage de Saint Thomas car quoique laic-et pauvre pécheur-je crois qu’après plus d’un demi-siècle de recherches d’information,de travail dans ce domaine au sens large ,je suis arrivé aidé par d’innombrables et surtout bonnes lectures,au temps de la synthèse.Comment est-il possible de prendre connaissance de vos textes qui me seront certainement utiles dans cette tache?Merci d’avance pour votre répons car « vaste tache » comme disait de Gaulle!
Sauriez-vous comment pourrais-je joindre le professeur Rouque ?
« Rouche » (pas Rouque 😉 ) Non désolé, je ne sais pas. Essayez peut-être de contacter Famille Chrétienne.
Sauriez-vous comment je pourrai joindre le professeur Rouque ?
http://bdeices.fr/rapports/Ambroise.pdf
Voici un sujet théorique que j’ai rendu à ma fac de droit. Il traite du mariage dans la pensée Classique (dont Saint Thomas fut un illustre interprète), puis chez les modernes. J’essaie de démontrer comment l’institution de droit naturel et devenu un contrat civil entre deux individus autonomes, et plus actuellement comment la notion de droits subjectifs risque aujourd’hui de détruire complètement le mariage