Voici un article paru il y a un an dans Le Monde mais toujours très intéressant…
Malgré ses 90 ans, il fait encore trembler la classe politique roumaine. A l’invitation de plusieurs députés, pour la première fois, le roi Michel Ier a prononcé un discours devant le Parlement, le 25 octobre, jour de son anniversaire. Certains élus étaient inquiets car, selon une rumeur non démentie par la Maison royale, le roi aurait pu en profiter pour demander la restauration de la monarchie en Roumanie.
« Les rois ont fait la Roumanie moderne en cent quarante ans, a-t-il déclaré avant cette cérémonie. Les communistes ont tout détruit en quarante ans. » Cela fait dix ans que le roi Michel a effectué son retour définitif à Bucarest. Un retour très remarqué à l’époque. Dès son arrivée, ce passionné de voitures et d’aviation avait pris le volant d’une Mercedes et s’était retrouvé dans le dédale des grands boulevards bucarestois, bordés de HLM délabrées, héritage de la dictature communiste.
« Comment ont-ils pu faire des choses aussi horribles ?, avait-il lâché en balayant du regard les immeubles grisâtres de la capitale, naguère surnommée le « petit Paris des Balkans ». C’est moche, c’est très moche, je ne reconnais plus cette ville, ce n’est pas mon Bucarest. » Les passants n’en revenaient pas et se retournaient pour apercevoir son visage. Un visage qu’ils n’avaient vu que dans les livres d’histoire. Pour la plupart des Roumains, le roi Michel de Roumanie était devenu un fantôme de la seconde guerre mondiale. Il avait été chassé de son pays en 1947 lorsque les communistes avaient pris le contrôle de la Roumanie avec le soutien de l’Armée rouge.
A son retour, plus d’un demi-siècle plus tard, le roi a été reçu avec tous les honneurs. Mais il a réservé l’un de ses premiers déplacements au petit village de Nucsoara, à 200 km au nord de Bucarest. Une visite hautement symbolique. Lorsqu’il était scout, il avait été accueilli dans ce bourg par une jeune paysanne, Elisabeta Rizea.
Comme plus de 10 000 partisans anticommunistes, Elisabeta avait pris le maquis en 1948 et lutté pendant presque dix ans contre le nouveau régime avec l’espoir que le roi revienne. Mais le monarque est resté dans son exil suisse, à Versoix, près de Genève. Quant à Elisabeta, elle a été arrêtée par la Securitate, la police politique, emprisonnée et torturée.
Devenue le symbole de la résistance anticommuniste en Roumanie, Elisabeta Rizea, 76 ans, fut très émue, ce jour-là, de se retrouver face au roi. « Regardez ce qu’on m’a fait, lui dit-elle en ôtant le foulard qui masque sa tête chauve. On m’a pendue par les cheveux jusqu’à ce qu’on ait tout arraché. Mais je n’ai pas cédé, je n’ai jamais trahi mon roi. » Avant de lui poser la question qui la taraudait depuis tant d’années: « Pourquoi êtes-vous parti, Majesté ? Ne partez plus, vous serez toujours notre roi ! »
« QUE POUVAIS-JE FAIRE ? »
En 2001, à 80 ans, le roi Michel réussit finalement à se réinstaller dans le palais Elisabeth, à Bucarest, ancienne demeure royale transformée en cantine au temps du régime communiste. Un bâtiment kitsch auquel le roi s’est efforcé de redonner vie. Mais le siège historique de la maison royale se trouve au château Peles, à Sinaia, coquette petite ville située dans les Carpates, qui rappelle la splendeur des monarques d’autrefois.
En 1866, la Roumanie avait fait un choix monarchique en installant à la tête du pays le roi Carol-Ludovic de Hohenzollern-Sigmaringen. Lui avait succédé son fils Ferdinand, lequel confia cette tâche à son fils Carol II. Entre les deux guerres, la Roumanie avait connu un envol économique sans précédent et s’était alignée sur le modèle démocratique de l’Europe de l’Ouest.
Carol II ne se maintint pas à la hauteur de ses prédécesseurs. Après plusieurs aventures galantes, il abdiqua le 6 août 1940 en faveur de son fils, le jeune Michel, qui se retrouva roi à 19 ans. Deux mois plus tôt, l’Union soviétique avait annexé la partie orientale de la Roumanie, et le pays s’était engagé dans la seconde guerre mondiale au côté de l’Allemagne nazie.
A la fin de la guerre, sous la menace de l’Armée rouge, qui occupe le pays, le roi abdique et part en exil, le 30 décembre 1947. « C’est ici, dans ce bureau, que je les ai reçus, raconte-t-il au palais Elisabeth. Ils m’ont dit que si je ne signais pas l’abdication, ils tueraient un millier d’étudiants. Que pouvais-je faire ? » L’exil du roi dure jusqu’à la chute du régime marxiste, en décembre 1989. Sitôt le Conducator Nicolae Ceausescu exécuté, le monarque demande au nouveau président, Ion Iliescu, un ancien communiste, de réinstaurer la monarchie, mais celui-ci ne veut pas en entendre parler.
En décembre 1990, le roi tente de forcer sa chance et revient en Roumanie. Mais quelques heures seulement après son atterrissage à Bucarest, il est refoulé du pays sur l’ordre d’Iliescu. En 1992, il parvient enfin à se rendre en Roumanie à l’occasion de la fête de Pâques, et 1 million de Roumains descendent dans la rue pour le supplier de rester. Terrorisé par cette perspective, le président Iliescu l’interdit de séjour.
Ce n’est qu’en 1997, un an après la défaite électorale d’Iliescu au profit du libéral Emil Constantinescu, que le roi reçoit un passeport roumain. Les nouvelles autorités ne sont toutefois pas pressées de lui restituer les palais et propriétés qu’il revendique. Puis Iliescu revient aux commandes de 2000 à 2004 et entend redorer son image d’apparatchik. En 2001, le roi Michel serre la main de son ancien ennemi qui lui restitue les propriétés de la Maison royale, geste que beaucoup de monarchistes considèrent alors comme un pacte avec le diable.
Si les analystes s’accordent à dire que le mouvement monarchiste s’est essoufflé, le roi Michel Ier continue d’y croire et compte révéler ses intentions aux Roumains à l’occasion de son premier discours au Parlement. Un discours qui annonce une petite tempête sur l’échiquier politique du pays.
Devant le Parlement, il a plaidé pour que son pays retrouve « dignité et respect »
Dernier survivant des chefs d’état de la seconde guerre mondiale, Michel Ier a appelé, dans son discours, mardi, la classe politique à œuvrer pour que la Roumanie retrouve « dignité et respect » sur la scène internationale. « Unis et ensemble avec nos voisins et nos frères, nous devons continuer l’effort pour redevenir dignes et respectés », a déclaré devant les deux chambres du Parlement. « Après la liberté et la démocratie, les valeurs les plus importantes sont l’identité et la dignité. Les élites roumaines ont ici une grande responsabilité », a-t-il poursuivi.
L’ancien souverain a vanté les progrès réalisés par son pays depuis la chute du régime communiste en 1989, citant notamment « la démocratie, les libertés et un début de prospérité ». Avant de critiquer les dirigeants actuels et d’épingler la tentation de « mépriser l’éthique, personnaliser le pouvoir et ignorer le rôle primordial des institutions de l’Etat ». « Le moment est venu de rompre définitivement avec les mauvaises habitudes du passé. La démagogie, la dissimulation, l’égoïsme primaire et le souhait de s’accrocher au pouvoir n’ont plus leur place dans les institutions roumaines de 2011, elles rappellent trop les années d’avant 1989 », a-t-il dit.
Les élus présents dans la gigantesque salle du palais du Parlement, datant des années 1980, se sont levés pour applaudir le discours de l’ex-roi. Le gouvernement n’était en revanche représenté que par le ministre de la Justice Catalin Predoiu. Le président Traian Basescu, qui ne cache pas son hostilité envers l’ancien monarque, et le Premier ministre Emil Boc ont préféré assister aux cérémonies marquant le « jour de l’armée », également célébré ce mardi
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Vive le Roi ! Vive le retour du Roi pour que revive la Roumanie !
idem pour la France !
Vive Louis XX et la restauration de la Monarchie en France pour que revive la France !
En attendant, vive Allance royale !