Le 16 Octobre 1793, la Reine Marie Antoinette s’avance sur l’échafaud, devant une foule muette et stupéfaite. La merveilleuse et magnifique Reine de France, l’Autrichienne, n’était plus que l’ombre d’elle-même : ses cheveux devenus prématurément blancs encadraient un visage creusé par les souffrances physiques et les ravages moraux. Son mari avait été exécuté depuis quelques mois, ses amies telles que Mme de Lamballe avaient été massacrées et mutilées sous ses yeux et, pire que tout pour une mère, son fils était séquestré dans la Tour du Temple où il subissait d’odieux sévices…
Marie Antoinette fut enfermée dans la Prison du Temple du 13 Août 1792 jusqu’au 5 Août 1793, date où elle fut transférée dans la Prison de la Conciergerie en attente de son procès. Celui-ci débuta le 14 Octobre 1793, où la Reine resplendira de grâce et de dignité. Face au fiel et aux diffamations de ses accusateurs, la Reine répondit avec dignité, vertu immuable des Reines de France.
Ce procès odieusement expéditif et arbitraire, devint rapidement un ramassis d’insultes gratuites et d’accusations sans fondements ! On accusa la Reine d’avoir été « le fléau et la sangsue du peuple de France », d’avoir donné des millions et de multiples renseignements à l’ennemi et surtout, d’avoir dilapidé l’argent des français dans diverses frasques, et de multiples autres accusations, dont la plupart avaient été inventé de toutes pièces !
Aucune preuve, des témoins que la Reine (et son entourage) affirme ne pas connaître, des affirmations grotesques qui ne résisteraient pas à la défense d’un avocat d’aujourd’hui…. Affabulations et calomnies, inventions et rumeurs, tout est bon pour faire condamner la Reine. Edmond de Goncourt, dans son Histoire de Marie Antoinette, expliqua que « La Reine fut admirable de patience et de sang-froid : elle força sa dignité à l’humilité , elle défendit l’indignation à sa fermeté ; elle répondit à la calomnie par une syllabe de dénégation, à l’absurde par le silence, au monstrueux par le sublime »
Hébert, l’un des principaux protagonistes du procès, écrivait : « Je suppose qu’elle ne fût pas coupable de tous ces crimes : n’a-t-elle pas été Reine ? Ce crime là suffit pour la raccourcir… Car qu’Est-ce qu’un Roi ou une Reine ? N’est-ce pas ce qu’il y a au monde de plus vil, de plus scélérat.[…] Les Rois et leur race sont nés pour nous nuire : en naissant, ils sont destinés au crime, comme une plante à nous empoisonner… » Et cette république qui prône la fraternité, l’anti-racisme et l’égalité….
Le calvaire de la Reine Marie Antoinette commença à 5 heures, dans le froid d’un frêle matin d’automne. La Reine s’était préparée à la mort : elle avait elle-même coupé les cheveux, rédigé son testament et changé de vêtements. Le bourreau Samson vient la chercher, mène la charrette dans tout Paris : les cris et les quolibets rythment cette marche vers l’issue fatale qui se dessine sur la Place où avait péri son époux. Vers midi, le 16 Octobre 1793, la Reine Marie Antoinette s’avança vers la guillotine, innocente et calme…
Edmond de Goncourt écrira :
La mort de Marie-Antoinette a calomnié la France.
La mort de Marie-Antoinette a déshonoré la Révolution.
Mais il en est de pareils crimes comme de certaines gloires : celles-ci n’ennoblissent, ceux-là ne compromettent pas seulement une génération et une patrie. Gloires et crimes dépassent leur temps et leur théâtre.
L’humanité tout entière, associée à elle-même dans la durée et dans l’espace, en revendique le bénéfice ou en porte le deuil ; et il arrive que la mort d’une femme désole cette âme universelle et cette justice solidaire des siècles et des peuples : la conscience humaine; il arrive que le remords d’une nation profite aux natifs, et que l’horreur d’un jour est la leçon de l’avenir.
Oui, ce jour, dont la postérité ne se consolera pas, demeurera dans la mémoire des hommes l’immortel exemple de la Terreur.
Le 16 octobre 1793 apprendra ce que les jeux d’une révolution font d’un peuple, hier les amours du monde. Il apprendra comment, en un moment, une cité, un empire, deviennent semblables à cet ami de saint Augustin, entraîné aux combats du cirque, tout à coup goûtant leur fureur et jouissant do leur barbarie.
Le l6 octobre 1793 parlera aux philosophies humaines. Il s’élèvera contre les coeurs trop jeunes, contre les esprits trop généreux, contre l’armée de ces Coudorcets qui meurent sans vouloir renier l’orgueil de leurs illusions. Il avertira les systèmes de leur vanité, les rêves de leur lendemain. Il montrera le fait à l’idée, les passions aux doctrines, à Salente le bois des Furies, aux utopies l’homme.
Ce jour enfin rappellera l’Histoire à la modestie de ses devoirs. Il lui conseillera un ton plus prudent, une raison plus humble. Il lui enseignera qu’il ne lui appartient point de flatter l’humanité, de la tenter, d’exaspérer ses présomptions, de solliciter ses impatiences, et de l’appeler, en l’enivrant de mots, aux aventures d’un progrès continu et d’une perfectibilité indéfinie.
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